Le Premier ministre chinois Li Qiang a exhorté jeudi la Banque asiatique d'infrastructure (BAII) à augmenter son appui à l’initiative ceinture et route. Ses propos ont été tenus lors de la cérémonie d’ouverture de la dixième réunion annuelle de la banque.

Li a souligné que sa démarche s’inscrit dans un contexte où les États-Unis réduisent leur soutien aux institutions de l’Occident, notamment à la Banque mondiale et au FMI. Il a déclaré : « J’espère que la BAII suivra une politique de régionalisme ouvert et continuera à renforcer la connectivité entre l’Asie et les autres pays. » Il a aussi insisté sur l’importance de l’alignement de la banque avec les initiatives chinoises ceinture et route ainsi que le programme de développement global.

Certains observateurs voient dans ces déclarations un moyen pour la Chine de renforcer son influence face aux perturbations engendrées par les politiques économiques américaines. Ils y voient également une réponse de Pékin aux efforts américains visant à inciter d'autres nations à se détacher du partenariat économique chinois.

Le président sortant de la BAII, Jin Liqun, a affirmé que la Chine entend voir augmenter la qualité des projets de la ceinture et la route et qu’elle est satisfaite des performances de la banque. Il a précisé que la BAII évalue les projets proposés par ses 110 membres, la Chine détenant 26,5 % des droits de vote.

Bien que les États-Unis ne soient pas membres de la BAII, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, la Russie, Singapour, le Vietnam et Israël en font partie.

Concernant le Moyen Orient, Jin a indiqué que la banque est prête à soutenir la restructuration économique de la région et à améliorer l’éducation des jeunes. Il n’a pas fait de déclaration directe sur les récentes tensions Israël Iran.

L’initiative ceinture et route, lancée par la Chine en 2013 sous la direction de Xi Jinping, veut relier l’Asie, l’Europe et l’Afrique via des infrastructures et des réseaux de transport. Ce projet est présenté comme une plateforme de coopération mondiale, mais il est critiqué pour son coût financier élevé pour les pays en développement et ses retombées favorables aux entreprises d’État chinoises.

En 2021, Xi a lancé l’initiative de développement mondial pour renforcer les efforts de la Chine en matière de réduction de la pauvreté, de santé publique et de sécurité alimentaire, en phase avec les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies.

Cette semaine, la BAII a annoncé que l’ancienne vice-ministre chinoise des Finances, Zou Jiayi, lui succédera à partir de janvier. Ancienne gouverneure suppléante auprès de la Banque mondiale et membre du comité central du Parti communiste chinois, elle prendra la succession de Jin Liqun, président depuis la fondation de la BAII et ancien vice ministre des Finances.

La ministre indonésienne des Finances, Sri Mulyani Indrawati, a fait savoir lors de la séance de clôture que son pays avait réalisé 14 projets avec la BAII, pour un montant de plus de 5,1 milliards de dollars. Elle a déclaré que la BAII était devenue une force majeure du développement mondial.

La BAII, dont le siège est à Pékin, finance principalement des infrastructures comme les routes, l’eau et l’énergie. L’an dernier, elle a approuvé 8,4 milliards de dollars de prêts, portant à plus de 60 milliards depuis sa création en 2016.

Plus tôt cette semaine, Li Qiang a pris la parole lors de la conférence annuelle du Forum économique mondial en Chine, appelée « Davos d’été », à Tianjin. Il a souligné la nécessité de ne pas transformer les échanges commerciaux en enjeu politique ou sécuritaire et a affirmé que la participation économique mondiale permettrait de redéfinir les règles internationales. Par la suite, il a rencontré plusieurs chefs d’entreprise, dont Richard Liu, fondateur de JD.com. Selon les médias officiels, le ministre du Commerce Wang Wentao ainsi que le directeur de la commission de développement et de réforme Zheng Shanjie participaient également aux échanges.