L’économie chinoise a progressé de 5,4 % au premier trimestre 2025, dépassant les prévisions et poursuivant l’élan de reprise amorcé à la fin de l’année dernière. Cette performance solide intervient malgré une intensification des tensions commerciales mondiales et de nouvelles vagues de droits de douane américains, qui ont conduit à une révision à la baisse des perspectives de croissance annuelle du pays.
Les dernières données indiquent que les mesures de relance engagées par les autorités chinoises continuent de soutenir l’activité, notamment en matière de consommation et de production industrielle. Les ventes au détail ont augmenté de 5,9 % en glissement annuel au mois de mars, tandis que la production industrielle a progressé de 7,7 %, dépassant nettement les attentes du marché. L’investissement en actifs fixes a crû de 4,2 % sur les trois premiers mois de l’année, bien que l’immobilier reste un frein, avec une baisse de 9,9 % sur un an. En revanche, l’investissement dans les infrastructures et la production manufacturière a connu une nette accélération.
Le taux de chômage urbain est redescendu à 5,2 % en mars, après avoir atteint 5,4 % en février, son plus haut niveau en deux ans, ce qui suggère une légère amélioration du marché du travail.
Selon le Bureau national des statistiques, l’économie chinoise a connu un « bon démarrage, stable », et l’innovation jouerait un rôle de plus en plus central dans la croissance. Le communiqué a notamment mis en avant les avancées technologiques, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, révélées par des entreprises nationales plus tôt cette année.
Malgré ces signaux positifs, les autorités ont averti que le contexte externe restait difficile. L’environnement économique mondial devient « plus complexe et plus sévère », et la demande intérieure demeure insuffisante. Les autorités ont souligné la nécessité de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques plus actives et ciblées pour renforcer la demande intérieure et faire face à l’incertitude internationale.
La Chine s’est fixé un objectif de croissance annuelle du PIB d’ environ 5 % pour 2025, un objectif que de nombreux observateurs jugent ambitieux face à la montée des frictions économiques avec les États-Unis et à l’affaiblissement de la demande mondiale. Le conflit tarifaire en cours, marqué par une succession de hausses réciproques, a porté les droits de douane américains sur les produits chinois à 145 %, tandis que Pékin a répliqué en relevant ses droits sur les produits américains à 125 %.
Les données commerciales récentes montrent que la part des exportations chinoises vers les États-Unis a diminué, passant de 19,2 % en 2018 à 14,7 % en 2024. Bien que les chiffres du mois de mars soient restés solides, plusieurs indicateurs à haute fréquence suggèrent un net ralentissement des exportations dans les semaines suivantes, en particulier dans les secteurs dépendant de la demande américaine.
Les perspectives pour le deuxième trimestre sont plus incertaines, les tensions commerciales continuant de peser sur les exportations et les investissements. La baisse attendue des dépenses d’investissement et l’absence probable de résolution rapide du conflit tarifaire pourraient affecter durablement l’activité économique.
Diverses institutions économiques ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour la Chine cette année. Certaines anticipent désormais une progression du PIB proche de 3,5 % en 2025, dans l’hypothèse où les tensions commerciales persisteraient. Les exportations, notamment vers les États-Unis, devraient reculer fortement, entraînant un affaiblissement général du commerce extérieur.
Face à ces défis, les autorités devraient annoncer de nouvelles mesures de soutien. Parmi les options envisagées figurent une réduction supplémentaire du taux de réserves obligatoires des banques, une baisse des taux d’intérêt, ainsi qu’une augmentation de l’émission d’obligations locales destinées à financer des projets d’infrastructures. Des mesures visant à stimuler la consommation — comme l’élargissement des programmes de primes à la casse ou l’octroi de subventions plus généreuses — pourraient également être mises en œuvre. Des politiques incitant les gouvernements locaux à réduire leurs stocks de logements invendus sont aussi à l’étude.
Un plan de relance budgétaire additionnel, compris entre 1 000 et 1 500 milliards de yuans, serait également en préparation pour le second semestre, afin d’amortir partiellement l’impact des chocs extérieurs.
Lors d’un point presse tenu après la publication des données, un haut responsable du Bureau national des statistiques a reconnu que le protectionnisme mondial était en hausse et que la Chine devait « redoubler d’efforts pour consolider sa reprise.
Ce dernier a rappelé que la Chine disposait de décennies d’expérience dans la gestion de crises majeures, qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19 ou des tensions sino-américaines.
Malgré la pression exercée sur le commerce extérieur par les droits de douane américains, les autorités assurent que l’économie chinoise reste résiliente et capable de maintenir un développement stable et de qualité sur le long terme. De nouvelles annonces politiques sont attendues dans les prochaines semaines afin de soutenir la demande intérieure et de préserver l’élan de la croissance.